La leçon de sagesse du Parrain

Malgré sa dégaine de mafioso, la petite frappe de l’Élysée ne connaît pas ses classiques. Qu'il n'aie jamais lu la princesse de Clèves et en soit fier, passe encore. La noblesse et la subtilité des sentiments, ce sont des notions qu'il est incapable de comprendre. Mais qu'il ne connaisse pas l’œuvre de Coppola, c'est à croire qu'il est incapable d'aller au bout de son personnage, tout comme de ses réformes.
Son ignorance le perdra. J'ai revu le troisième volet du Parrain ce week-end et j'ai trouvé une scène prémonitoire. Je ne crains pas d'écrire qu'elle explique pourquoi j'aurai finalement la peau de l'avorton de la rue du Faubourg Saint-Honoré. Elle oppose Andy Garcia, un chien fou en veste de cuir qui se prend pour un caïd, au Parrain, alias Al Pacino. Ce dernier vient de le prendre sous son aile, moins parce qu'il le trouve doué pour le crime organisé que parce qu'il est son neveu .
 En effet, le jeunot est d'un naturel soupe au lait. Au point d'arracher l'oreille de son rival Joey Zaza, qui a repris en main la défense des intérêts de la famille Corleone à New-York, en guise d'accolade. Un jour, très remonté, il le traite de tous les noms en présence du Parrain et demande à ce dernier l'autorisation de le buter sur-le-champ. La réplique fuse : " Ne hais jamais ton ennemi, cela affecte le jugement."
C'est bien la preuve que les goûts cinématographiques du nabot ont plus à voir avec le gendarme de Saint-Tropez qu'avec le Parrain.