Il faut couper le cordon

En attendant de franchir le Rubicon, avec la création d'un parti tout entier à ma dévotion, j'ai donné ordre à mes troupes de couper le cordon avec l'UMP. Ce parti ne représente plus la majorité des Français, il faut en tirer les conséquences.
Mon toujours fidèle Jean-Pierre Grand, a ouvert les hostilités. "Pour l'instant, nous restons dans le groupe parlementaire UMP. Cela ne pose pas de problème majeur. Après, à l'UMP, il ne se passe rien, alors s'ils ne veulent plus de nous, on n'en fera pas une jaunisse", a déclaré Jean-Pierre, dans un langage un brin approximatif. Mais enfin, l'interview était donné au Midi Libre, le quotidien du rugby. "Aujourd'hui, passer une heure dans une réunion de parti politique, c'est perdre une heure. Il n'y a plus de jus, plus d'envie, rien", a-t-il ajouté. Interrogé sur la récente entrée au gouvernement du villepiniste Georges Tron , mon affidé a démoli la mascarade de l'ouverture et dégommé Tron au passage, qu'il surnomme en privé Paul Tron.
 "Des scalps à la ceinture du président de la République, ça n'a aucune incidence sur la politique nationale. Il aurait pu, en période de crise, ouvrir en vue d'une grande politique qui rassemble. Mais pour ça, il faut prendre des gens porteurs d'un projet, et non pas les maillons faibles de chaque camp". Traduction : il fallait nommer Villepin premier ministre.
Dans un communiqué diffusé dimanche, Grand avait déjà enfourché mon cheval de bataille favori contre Naboléon, à savoir la concentration des pouvoirs, rebaptisé la semaine dernière "dysfonctionnement institutionnel" par l'insipide Accoyer (qui est le seul à être convaincu d'être président de l'Assemblée nationale), en y voyant la "conséquence d'un président de la République qui exerce toutes les fonctions de l'Etat et d'une nouvelle Constitution qui affaiblit le gouvernement en le privant d'une grande partie de la maîtrise de l'ordre du jour du Parlement".
Au moment de mon discours annonçant la création d'un nouveau parti, Jean-Pierre avait été évasif quant à son positionnement par rapport à l'UMP, se contentant de souligner que ce mouvement serait "un bol d'air frais dans la vie politique française". Je me réjouis de constater qu'il est devenu plus précis. Maintenant, c'est clair pour tout le monde : ce parti sera antisarkozyste ou ne sera pas !